Cagole: la valériane vagabonde

Marseille a sa spécialité: la bouillabaisse et une institution: la cagole* . Si toutes les Marseillaises ne sont pas des cagoles, la cagole est Marseillaise. Reconnaissante à Dame Nature qui l'a généreusement pourvue, la cagole circule légère, décolletée et court vêtue... Sous le soleil de la Méditerranée, dorée de la peau, des cheveux, des bijoux, elle aime ce qui brille, l'irisé, le nacré, le pailleté: elle aime briller. Elle est l'exact opposé de la Parisienne, plus proche de Pamela A. dans Alerte à Malibu que d' Inès de La F. Elle se moque d'ailleurs comme de sa première barboteuse du chic et du bon goût : elle est hors du temps et des modes. On est cagole, on ne le devient pas. Elle éclabousse de sa magnificence et de sa liberté  ceux qui la toisent.  Bling-bling la cagole? vulgaire? simplement débordante de vie.

Une cagole a débarqué un beau matin dans mon jardin, discrête d'abord, elle attire à présent tous les regards. C'est une valériane vagabonde arrivée par ses propres moyens.

Des valérianes ( Centranthus ruber), nous en avons plantées plusieurs au jardin. La valériane appelée aussi "Lilas d'Espagne", plante facile, est un peu méprisée. C'est vrai, elle pousse partout, se ressème et colonise avec entrain les murs, les talus. Alors, je vous le demande, pourquoi payer pour l'installer chez soi?  D'abord parce que c'est une plante très intéressante pour les jardins méditerranéens: elle fleurit quasiment en continu du printemps à l'automne, ensuite parce que, bonne camarade, elle s'entend bien avec les autres qu'elle met en valeur -elle est idéale en "bouche-trou"- enfin parce qu'elle est très belle.

Voici la rose qui s'harmonise avec les cistes voisins

La blanche - pur, très pur le blanc de l' "Alba" qui éclaire un coin sombre au Nord:

La cagole a choisi son endroit : là où on la voit. Sur la grande restanque, le bouquet rose à droite de la photo.

Si elle m'avait consultée, je ne lui aurais pas donné l'autorisation: le centre de la restanque est conçu comme une rocaille plane avec une végétation légère et discrête.

Juste à l'entrée de la rocaille, elle impose son exubérance

Dans cette partie du jardin, c'est la seule qui soit rouge... elle attire l'oeil , c'est certain. Too much?

la cagole est too much, ça c'est sûr. Souvent le rouge "fraise-écrasée" est un peu mat, un peu triste, vire au soleil: je l'évite au jardin. Le sien est, au contraire, brillant et lumineux: les fleurs sont comme laquées au vernis à ongles

Je me tâtais à son sujet: la laisser, la retirer pour préserver l'harmonie de ce coin de jardin?

Quand la visite impromptue d' Isabelle Beauvallet a réglé la question. Quand Isabelle est arrivée,  je me suis dit:  Oh! P*****n, la cagole! ( j'avoue avoir maintenant un peu honte d'avoir eu honte d'elle).  Evidemment Isabelle l'a tout de suite vue: WHAAOOUH! ont fait ses yeux,  (bien qu' Isabelle ne soit pas muette, elle parle beaucoup plus fort du regard que des lèvres)...et dans un murmure: "elle est magnifique".

La cagole s'est imposée et maintenant c'est elle, la reine du quartier.

* La cagole a donné son nom à une bière artisanale commercialisée, entre autres, dans le quartier du Panier

Comments

[Jeanne]

Je les aime moi aussi. Elles se promènent dans mon jardin, la rouge et la rose.

La blanche reste de l'autre côté du portail... Allez savoir pourquoi !

[Aline Egécrié]

Dans le sec, on apprend l'humilité ! par exemple, moi le jardin m'a appris à aimer les valérianes (j'ai un faible pour les blanches qui "cagolent" avec élégance) ; je ne risque pas de les snober car bien souvent elles remplissent des espaces où je ne savais pas quoi installer tant la terre est difficile ; les rouges je n'en ai pas, hélas...

[anne]

ça m'amuse ce terme de capricieux , nous sommes bien prétentieux nous les humains !

je ne savais pas que les valérianes rouges existaient , je connais la blanche , la rose

foncé et c'est tout

[sylvie]

Je n'en avais pas dans le jardin ( ancien champs de vigne) mais il y en avait dans le chemin et alentour qui me faisait de l'oeil. Du coup, me voilà partie avec ma bêche. Elle m'en a donné du fil à retordre car la belle a une sacrée racine pivotante. Finalement, la racine a cassé et je me suis retrouvée avec un truc pas folichon ! J'ai tenté le coup quand même et bien pas drôle, la jolie est repartie.

Depuis j'en ai acheté deux blanches et une rouge. Cette dernière est plus framboise que les sauvages.

Alors je dis haut et fort : je l'aime cette valériane.

Mais chose bizarre, aucune n'est venue s'installer toute seule. Elles se sont arrêtées derrière le grillage du voisin ! Capricieuse la belle ? Un peu quand même.....

[Martine]

Moi aussi je les aime: roses, blanches, peu importe.

Je les ai installées où ça m'intéressait et maintenant elles se promènent. Manque la rouge, mais pas bien loin j'en ai repéré de superbes dont j'irai prélever des graines. Elles se ressèment où bon leur semble, j'en ai pris mon parti.

Ma cagole à moi, c'est le pavot papaver somniferum double à fleurs couleur framboise, il claque, mais pas toujours où je voudrais. Je lui pardonne: en 15 jours il est fané!